Election présidentielle de novembre prochain en RD Congo. Quatre prétendants pour un fauteuil.

Publié le par nsango04.over-blog.com

Congo : quel rival pour Kabila ?
n.c./ Le Soir.be
Au Congo, les élections générales, présidentielle et législative, auront lieu le 28 novembre prochain, mais c’est cette semaine que doivent être déposées les candidatures. Les 31 millions d’électeurs n’auront pas le loisir de tergiverser : l’élection présidentielle se jouera en un seul tour, officiellement pour éviter un scénario à l’ivoirienne et pour faire des économies. En réalité, ce scrutin était destiné à favoriser le candidat sortant, Joseph Kabila. Quant à l’opposition, elle est jusqu’à présent incarnée par trois hommes que tout sépare mais qui, pour avoir une chance de battre Kabila, sont obligés de s’unir sur une candidature commune : Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Etienne Tshisekedi.

 

 

Quatre hommes pour un fauteuil.
BRAECKMAN COLETTE / Le Soir.be
RD Congo. La campagne pour l’élection présidentielle de novembre est lancée
Le compte à rebours est amorcé au Congo : c’est cette semaine que doivent être déposées les candidatures pour les élections générales – présidentielle et législative –, qui doivent se tenir le 28 novembre prochain. Les 31 millions d’électeurs enregistrés par la Commission nationale indépendante (Ceni) n’auront pas le loisir de tergiverser : le Parlement a modifié le mode de scrutin, et l’élection présidentielle se jouera en un seul tour. En 2006, le deuxième tour de scrutin s’était traduit par une lutte acharnée entre Joseph Kabila et son challenger Jean-Pierre Bemba, qui avait perdu avec 46 % des voix et des violences avaient éclaté à Kinshasa.
Officiellement, le législateur a été inspiré par le souci de réaliser des économies et d’éviter un scénario à l’ivoirienne, où la guerre a succédé à la contestation des résultats. En réalité, ce scrutin à un tour favorisera le président sortant, Joseph Kabila. Lorsqu’il se sera officiellement déclaré, ce dernier partira avec des avantages non négligeables : il sera crédité d’avoir pacifié le pays et entamé la reconstruction, il contrôle l’appareil sécuritaire et administratif, il dispose d’infiniment plus de moyens financiers que ses adversaires, et le président de la Ceni, le pasteur Ngoy Mulunda, est considéré comme l’un de ses proches.
Union de l’opposition ?
Quant à l’opposition, elle est jusqu’à présent incarnée par trois hommes que tout sépare, mais qui, pour avoir une chance de battre Kabila, sont obligés de dépasser leurs egos et de s’unir sur une candidature commune : Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Etienne Tshisekedi. Ce dernier, à 79 ans, estime être le candidat naturel de l’opposition et appelle ses rivaux à s’unir… derrière lui.
Au début de cette année encore, la victoire de Joseph Kabila semblait acquise. Mais à l’entame de la campagne, le suspense renaît, sinon l’inquiétude, car Etienne Tshisekedi, que beaucoup de Congolais considèrent comme une icône, une légende vivante, remporte des succès de foule inattendus, entre autres au Katanga, fief du président sortant. Le vieux lutteur ne semble même pas imaginer l’hypothèse d’une défaite.
Or le Congo demeure un pays fragile : le Nord et le Sud-Kivu sont loin d’être pacifiés, le fossé entre l’Est et l’Ouest pourrait se rouvrir, les partis politiques nés durant la dictature mobutiste ou dans un contexte de guerre doivent encore faire leur aggiornamento et tenter de se positionner en fonction de programmes plus que des personnes. Les convoitises, nationales et étrangères, demeurent nombreuses et si les élections de novembre doivent avoir pour effet d’enraciner la pratique démocratique, elles comportent aussi un risque de déstabilisation non négligeable, au cas où le scrutin serait récusé par l’une ou l’autre des parties.
Jeunes ou vieux mais déjà tous des vétérans
Joseph Kabila

Joseph Kabila

Sortant et favori

 

A 38 ans, Joseph Kabila est déjà un vétéran de la politique : en 2001, il succède à son père assassiné et totalise donc déjà dix années à la tête de l’Etat. Le bilan de cet homme jeune et sportif que rien, et surtout pas ses goûts personnels, ne semblait prédestiner à cette tâche, n’est pas négligeable. Voici dix ans, le Congo divisé était mis en coupe réglée par huit armées africaines et 25 milices. Aujourd’hui, le pays est réunifié, globalement pacifié (à part des poches de violence dans les deux Kivu), les élections générales de 2006 ont jeté les bases de la démocratie, la reconstruction a commencé, symbolisée par cinq grands chantiers menés par les Chinois. « Si vous ne croyez pas en moi, au moins voyez mes œuvres », assure Kabila qui voudrait poursuivre durant cinq ans encore afin que le redressement soit irréversible. Mais ses adversaires estiment que la bouteille est restée vide : entourage corrompu, armée hétéroclite et accusée de nombreuses exactions, insécurité et violences sexuelles à l’Est. Si le redressement économique est indéniable, ses retombées sociales demeurent invisibles, sauf pour une classe de nouveaux riches… En outre, dans ce pays où le verbe est roi, le président agit et travaille, sans aucun doute, mais oublie souvent de communiquer.
Etienne Tshisekedi

Etienne Tshisekedi

Le Sphinx sorti

des livres d’histoire

 

De l’histoire de leur pays, les jeunes Congolais n’ont retenu que deux noms : Mobutu et… Tshisekedi. Ce dernier appartient à l’histoire du Congo : en 1960 déjà, il est membre du collège des commissaires généraux, le gouvernement mis en place par Mobutu après l’éviction de Lumumba. Premier diplômé en droit du pays, il participe à la rédaction de la constitution de 1967 et du manifeste de N’Sele, qui fonde le parti unique. Mais en 1980, la rupture avec Mobutu est fracassante : 13 parlementaires envoient une lettre ouverte au président et, en 1982, l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) voit le jour. Les militants sont réprimés voire assassinés. Tshisekedi, remarquable d’obstination et de courage physique, est battu, emprisonné, déporté. Mais en 1992, une conférence nationale l’élit au poste de Premier ministre, une fonction qu’il n’exercera jamais réellement mais dont il gardera la légitimité. L’attitude de Tshisekedi envers Kabila père est ambiguë et, durant la guerre, on lui reprochera ses contacts avec Kigali. En 2006, il demande à ses partisans de boycotter le premier scrutin démocratique mais, cette année, à 79 ans, il se porte candidat à la présidence, conscient de jouer sa toute dernière carte.
Jean-Pierre Bemba

Jean Pierre Bemba Gombo

Le « chairman »

qui ne doute jamais

 

Croire que, détenu aux Pays-Bas par la Cour pénale internationale pour des crimes commis par ses hommes en Centrafrique, Jean-Pierre Bemba allait renoncer à se porter candidat, c’est mal le connaître. Né en 1962 dans la province de l’Equateur, fils du « patron des patrons », Jeannot Bemba, un proche de Mobutu, cette force de la nature n’a jamais douté de lui, de son destin national. Licencié en sciences commerciales à Bruxelles, il se lance d’abord dans les affaires et gère (sans beaucoup de succès) les entreprises familiales. La guerre puis la politique scelleront son destin : en 1998, il crée le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), un mouvement rebelle implanté dans l’Equateur, puis accepte en 2003 le poste de vice-président, en charge de l’économie dans le gouvernement de transition.
Durant la campagne électorale de 2006, surnommé « Igwe », fils du pays, il fait preuve d’un charisme incontestable et soulève les foules à Kinshasa et dans l’Equateur. Mais à la suite de violences imputées à ses gardes, sa résidence est bombardée et il fuit la capitale. En 2008, la justice internationale rattrape le sénateur en exil qui n’a jamais renoncé à reconquérir la première place.
Vital Kamerhe

Vital Kamerhe

Le savoir-faire

d’un ambitieux

 

La cinquantaine à peine entamée, Vital Kamerhe, né en 1959 à Bukavu, est déjà un vétéran de la politique et l’un des fondateurs du régime actuel. Après des débuts dans les cabinets de personnalités mobutistes, cet économiste formé à Kinshasa choisit son camp dès la première guerre du Congo. Il rejoint Laurent-Désiré Kabila et se lie d’amitié avec son fils, qui est alors le commandant Joseph. Dès 2002, Kamerhe met au service de ce dernier ses nombreux talents : brillant orateur, il parle les quatre langues du pays et lors des innombrables négociations de paix comme lors du dialogue intercongolais, il joue les avant-centres et sauve la mise de la partie gouvernementale. Par la suite, il met sur orbite le parti PPRD qui soutient Kabila, mène campagne en faveur de ce dernier puis dirige habilement l’Assemblée nationale. Il est cependant déçu dans son ambition d’être nommé au poste de Premier ministre et en 2009, il s’oppose aux opérations militaires conjointes avec le Rwanda. Misant sur sa popularité et certains soutiens occidentaux, il a créé un nouveau parti, l’Union pour la Nation Congolaise, UNC, espérant détrôner Kabila. Mais, dans l’opposition, ses rivaux le dénoncent comme un sous-marin du président, sinon comme… un Rwandais !
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